La psychothérapie eidétique est une approche d’intervention qui s’appuie sur une forme particulière d’imagerie mentale appelée image eidétique. Ce type d’image joue un rôle important dans l’histoire du développement de la personne.
Présence et image au coeur de la démarche
L’approche clinique est fondée sur un travail expérientiel et dialogique qui s’exprime à travers trois dimensions de l’expérience reliées entre elles :
1° la perception des situations de la vie, actuelles ou passées, qui sont encodées dans une image sensorielle interne qui se révèle progressivement;
2° cette image génère des réactions somatiques, émotionnelles et corporelles, auxquelles l’individu a accès et qui sont explorées;
3° et finalement, des significations émergent graduellement de l’expérience et facilitent son intégration.
La psychothérapie eidétique est un processus dynamique de transformation qui opère des changements à partir des structures spécifiques d’imagerie formées des unités ISM (image, sensations et signification) qui fait appel à l’ensemble de la personne. La psychothérapie eidétique propose un cadre de travail non exclusivement verbal des phénomènes psychiques. En effet, pour Ahsen, les mots communiquent les expériences mais ne peuvent rendre compte directement de l’expérience corporelle et affective et de leur symbolisation. Les images eidétiques permettent, à cause de cette structure ISM, un accès plus direct à l’expérience. Le but de la thérapie eidétique est de restaurer l’unité de cette structure en portant attention au pôle ISM négligé d’une expérience, du fait d’un conflit psychique. Le psychothérapeute soutient la personne dans cette exploration afin qu’elle puisse découvrir des réponses plus saines et mieux adaptées.
Plus concrètement, la personne est invitée à exprimer ce qui l’amène en consultation et elle énonce son problème, ses préoccupations ou inquiétudes comme elle les perçoit et les ressent, dans leurs dimensions affectives et corporelles. Elle en relate l’histoire telle qu’elle la vit subjectivement. Ensuite, elle prend contact avec l’expérience de ce problème et les impasses sous-jacentes, et elle les explore à l’aide des images eidétiques qui émergent soit fortuitement, soit suite au travail thérapeutique proposé. Cette exploration, qui s’effectue selon une technique particulière, suit et respecte l’expérience vécue par la personne et lui permet, à travers l’expérimentation d’une variété d’images, d’aller vers la résolution d’un choix, d’une impasse ou d’un conflit. Le processus se déroule d’étape en étape et suit pas à pas l’expérience de la personne. Le rôle du thérapeute n’est pas d’interpréter l’expérience, mais de la laisser émerger et se développer selon le processus de la personne. C’est l’individu qui expérimente ses perceptions et ses sensations et qui en dégage éventuellement la signification.
La psychothérapie eidétique met particulièrement l’accent sur la qualité de Présence. Présence à soi-même, présence du thérapeute à l’expérience de la personne et présence de l’image. L’image est présence en ce qu’elle donne accès non seulement à l’immédiateté de ce qui est vécu, mais révèle également l’intentionnalité; elle permet la mise en mouvement et le renouveau de l’expérience. La Présence inclut dans ce contexte la conscience profonde et simultanée de l’absence (qui réfère pour Ahsen aux expériences de pertes, à la sensation d’être en exil, aux luttes de l’existence) et également la conscience d’avoir les ressources internes pour surmonter ces difficultés et ces souffrances : « La Présence amène une forme de paix intérieure qui permet à la personne de devenir active dans le monde et de s’exprimer avec puissance et résilience » (Hochman, 2002/1994, p.109)¹.